si j'avais su
J'ai vomis ma peine,
craché ma haine,
j'ai vu ta vie devant mes yeux
ahurie,
j'ai tenté l'impossible,
que le soleil revienne,
que la journée reprenne,
j'ai essoré mon corps
essuyé mes larmes,
nul océan, nulle mère,
pour noyer mon chagrin
j'ai fermé les yeux,
je n'ai vu que toi, que toit,
j'ai voulu mourir le corps vidé,
le coeur laminé, les yeux bouffis, secs et vides,
la lumière m'a retenue, mince et fine,
j'ai pensé à vous, j'ai pensé à toi,
j'ai revu sa vie, défiler devant mes yeux,
il m'a regardé droit dans les yeux,
et m'a prié de remonter.
Il a tourné les talons, souriant et heureux,
il ne m'entendait plus, je ne l'entendais pas,
puis il est parti pour ne jamais revenir.
Certaines nuits il vient me hanter,
pâle fantôme que j'ai peur d'oublier,
pardonnant, ralant, me rappelant,
le visage blême, le corps fatigué,
les trippes à l'air et le sang glacé.
Je suis revenue,
j'ai repris mon chemin, le tiens,
le notre,
j'ai failli mais pas failli.
A sa perte nul n'est tenu,
A sa peine nul n'est rompu,
et dans le couloir sombre et humide,
j'avance comme un condamné,
sans savoir où je vais,
sans savoir.